Il y a autant de façons de vivre avec le VIH que de personnes séropositives. Découvre-les et prends la parole à ton tour si tu le souhaites.
Il y a près de 30 ans, un 14 juillet, j’apprenais que j’étais séropositif.
À l’époque, c’était une condamnation à mort en six mois. J’ai pleuré sur moi, mes amants, mes enfants, sur la disparition de la vie. Puis, la vie a continué. Pendant près d’une année, j’ai attendu la maladie, préparé à partir. Tous le savaient et nous vivions avec cette mort annoncée.
Rien, toujours rien. Donc, comme des milliers de séropositifs, j’ai compris que j’avais du temps devant moi : peu ou beaucoup, peu importe. Il m’appartenait de «faire» quelque chose ou d’attendre. J’ai choisi de faire. J’ai donc fait une multitude de choses, toujours dans l’attente de cette condamnation à mort : un peu comme un condamné qui passe 25 ans dans le couloir de la mort en prison, attendant que la sentence s’applique, la souhaitant même parfois.
Aujourd’hui, je vis au Burkina Faso, je tente d’y ouvrir une école à la québécoise dans la façon d’enseigner; je vis avec mon conjoint et son fils; je conduis ma moto dans ce pays qui est le mien, qui a toujours été le mien.
Si cette maladie m’a appris des choses, ce que je retiens est davantage le bilan que j’ai dû faire plusieurs fois au fil des ans. Ce qui m’a amené à percevoir que j’avais eu une vie pleine et que j’avais beaucoup de projets, de désirs et de joies à venir.
Pour ma part, j’ai l’intention de bien remplir ce temps pour mieux m’accepter, pour m’ouvrir aux autres et me laisser porter par ces nouvelles connaissances. Ma vie a été heureuse, est toujours heureuse, même (peut-être) surtout à cause de cette condamnation à mort.
Entendons-nous bien : je n’ai jamais apprécié les séropositif·ves qui soutenaient que le sida leur avait permis de se connaître, de mieux se brancher sur la vie, de savoir maintenant la valeur du moment présent ; j’ai horreur de ce discours. J’étais quelqu’un qui agissait sur la vie bien avant le sida. Mais, cette condamnation m’a permis de mieux comprendre qu’il y a dans la vie les « spectateurs » et les « acteurs ».
Et je remercie ceux qui m’accompagnent, qui comprennent que j’ai besoin de cette énergie pour survivre. Je n’ai pas de mérites, je ne peux vivre sans cette motivation de me lever le matin pour réaliser un rêve, une idée, un besoin.
Partager ce témoignage