Il y a autant de façons de vivre avec le VIH que de personnes séropositives. Découvre-les et prends la parole à ton tour si tu le souhaites.
C’est ce qui m’est arrivé, en 1992, lorsque j’ai reçu mon diagnostic de séropositivité au VIH. En ces moments, aucun médicament ne permettait de contrôler l’infection et l’espérance de vie de ceux et celles qui recevaient un diagnostic de sida était de 24 à 48 mois.
En faisant le décompte, je notais que ma vie s’arrêterait à cinquante ans et que la mort envahirait mon existence lentement et progressivement. Pendant deux ans, je me suis péniblement préparé à accueillir cette mort dans mon quotidien. Pendant deux ans, j’ai été incapable d’entrevoir la vie autrement qu’à travers les lunettes de la mort. Je descendais de façon vertigineuse vers une mort annoncée prématurément.
J’ai passé deux années à cesser de rêver à un avenir me permettant de voir vieillir mes trois enfants. Deux années à me voir dépérir. À préparer ma propre mort après avoir trop brièvement vécu. À réaliser que je ne verrais probablement pas mes cinquante ans.
Mais la mort n’est finalement pas venue! La maladie non plus! Progressivement, la vie a repris la place que la mort avait voulu s’arroger. Alors que j’avais pensé que je serais le premier dans mon entourage à quitter ce monde, ma conjointe, mon père, ma mère et nombre de connaissances et ami·es sont parti·es avant moi. À chaque fois, les mêmes pensées sont venues m’habiter : je suis toujours là, profitant de la vie qui m’est donnée. Je suis toujours là pour assurer une présence auprès de mes trois enfants, mes six petits-enfants, et mes nombreux et nombreuses ami·es et connaissances. Je suis toujours là pour témoigner publiquement et librement que je suis un homme qui vit avec le VIH depuis plus de 25 ans.
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