Il y a autant de façons de vivre avec le VIH que de personnes séropositives. Découvre-les et prends la parole à ton tour si tu le souhaites.
Je suis un jeune homme séropositif depuis plus de 7 ans. Vous me direz qu’en 2014, la vie de quelqu’un infecté par le VIH… est bien meilleure et que je ne suis pas le seul dans ma condition. Vrai. Par contre, je reste un être humain avec des besoins tant sexuels qu’émotionnels. Le rejet, surtout venant de situations particulièrement choquantes, vient me détruire encore plus. On parle souvent d’homophobie envers les homosexuels. Et bien, on peut dire que je vis une double stigmatisation, car en plus d’être gai, je suis également victime à l’occasion de jugements envers mon statut sérologique : la sérophobie.
Voyez-vous, avec les sites de rencontres et réseaux sociaux, nous pouvons savoir bien des choses sur les préférences sexuelles d’une personne avant même de la rencontrer. Le plus étonnant est que la situation que je suis sur le point de vous conter est une situation qui est très fréquente pour nous, personnes séropositives.
Situation
Je suis sur un site de rencontre, la personne me drague, elle me plait également, nous commençons quelques échanges, qui peuvent durer quelques minutes et même s’étendre sur plusieurs heures, voire une journée entière. La chimie est bonne, il me veut autant que je le veux, une soirée chaude et cochonne comme je le souhaite nous attend. Il me fait même mention qu’il veut une relation anale sans condom. Jusque-là, je présume que s’il veut que j’éjacule en lui et qu’il ne me demande pas mon statut sérologique, il doit être VIH+ également ou qu’il est conscient des risques que cela comporte de se faire baiser sans condom. Par contre, pour avoir bonne conscience, je pose toujours la question, es-tu positif ou négatif? Là, la claque arrive quand il me dit non je suis négatif et toi? Tout ce temps, il était prêt non seulement à me rencontrer, mais à me laisser le baiser sans condom, et ce, sans même savoir si, moi, j’étais ou non infecté. Le plus décevant dans tout ça est que dans la plupart de ces cas-là, à l’instant même que tu lui annonces, il te rejette comme si dès le départ tu ne l’intéressais pas, même si tu lui dis que l’on va se protéger et que tu essaies de faire comprendre que bien protégé, les risques sont pratiquement nuls.
Des cas comme celui-ci, je pourrais vous en raconter des centaines, mon but ici est seulement de vous ouvrir les yeux sur notre réalité. Nous sommes des êtres humains comme toutes autres personnes avec des sentiments et des besoins. Vous ne voulez pas coucher avec une personne atteinte, ça vous regarde, mais de grâce, ne faites pas comme si ça n’existe pas jusqu’au moment où nous devons vous confronter notre vérité.
Le 17 mai est la Journée mondiale contre l’homophobie, prenons le temps également de parler de sérophobie, une bataille loin d’être gagnée pour moi.
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