Histoires partagées

Il y a autant de façons de vivre avec le VIH que de personnes séropositives. Découvre-les et prends la parole à ton tour si tu le souhaites.

Leur père séropositif, c’est juste un papa qui vieillit assez bien, mais qui pense plus aux problèmes reliés au vieillissement qu’aux problèmes reliés au VIH.

Jacques, Victoriaville

VIH : des nouvelles du futur (autofiction)

Notre société est souvent fortement compatissante pour les personnes atteintes de cancer qui luttent pour leur vie: on loue leur courage dans le combat quotidien. Lorsqu’on vit avec le VIH, nous sommes plus souvent confrontés à des discours: il a couru après, il récolte que ce qu’il mérite.

Jacques, Victoriaville

Non, la vie ne s'arrête pas là

Richard, Laurentides

En mémoire de Benoît - Apprendre la confiance en soi

Benoît, Montréal

Tu n’es pas le VIH: tu vis juste avec

Doris, Brossard

Mon art, mon engagement et le VIH

Daniel-Claude, Montréal

En mémoire d'Alexandra, rockstar du milieu communautaire

Alexandra, Montréal

Dévoiler que l’on vit avec le diabète à sa famille, ses amis, ses collègues de travail suscitera chez la plupart la compassion. En revanche, dévoiler son statut sérologique au VIH risque de causer un malaise, des questions et du jugement.

Sylvain, Montréal

Je rêve du jour où certain·es membres de notre famille s'excuseront d'avoir rejeté nos enfants, de nous avoir crié dessus et de nous avoir insulté·es après que nous leur ayons révélé la vérité.

M.

Pour vivre en couple sérorodifférent depuis dix-huit ans, ces différentes approches préventives qui se sont ajoutées avec les années sont venues éliminer presqu’à 100% la peur de transmettre le VIH à mon conjoint.

Jacques, Victoriaville

Soutenir les sourd·es vivant avec le VIH

Donald, Montréal

Merci Google!

Laurette

Avant, on mourait du sida, aujourd’hui on vit avec le VIH. Vivre avec le VIH en 2016, c’est de prime abord prendre conscience que je vivrai longtemps avec cette infection et que j’ai bien des chances de mourir d’une autre problématique que le VIH (accident de tout genre, cancer, problèmes cardiaques…).

Jacques, Victoriaville

Depuis le début de l’épidémie, de nombreuses études sont menées dans le domaine du VIH, et ce, avec différentes approches théoriques et méthodologiques. Mais, comment fait-on de la recherche lorsqu’on partage certaines caractéristiques avec la population qu’on étudie ?

Jorge, Montréal

Le deuil de la dangerosité

Collectif de personnes vivant avec le VIH « Les Indétectables»

À notre dernier rendez-vous, Dre Vézina m’a pris par la main et m’a dit : « J’ai réussi, t’es encore en vie. » Quelques jours après cet entretien émouvant, j’ouvrais ma boîte aux lettres et je tombais des nues : je venais de recevoir une invitation à devenir patient d’une autre clinique. À cet instant, je me suis senti trahi.

Chantal-Paul (nom fictif)

Ça

Denis-Martin

La tolérance nous ouvre les yeux sur le monde

Yves, Outaouais

L’aveugle et le sourd (fable)

Gino, Estrie

Je vous dédie ces chansons

Donald, Québec

J’ai rencontré des gens comme moi, comme toi et comme nous, qui ont eu des moments faciles et des moments très difficiles, mais qui ont réussi à trouver la force de se battre chaque jour.

Cassandre

J’ai passé deux années à cesser de rêver à un avenir me permettant de voir vieillir mes trois enfants. Deux années à me voir dépérir. À préparer ma propre mort après avoir trop brièvement vécu. À réaliser que je ne verrais probablement pas mes cinquante ans. Mais la mort n’est finalement pas venue!

Jacques, Victoriaville

Je me demande de plus en plus où est la réalité des gens de nos jours. Sommes-nous naïfs ou les gens font simplement l’autruche pour ne pas avoir à faire face à la réalité? Pense-t-on vraiment qu’en évitant de parler des vraies choses, que la vie va nous épargner ces choses que nous ne voulons ni voir ni entendre, mais qui sont bel et bien là?

Daniel Jonathan

J'ai découvert la solidité de mon entourage

Ken, Montréal

La criminalisation du VIH n’aura contribué qu’à faire augmenter la stigmatisation et l’ostracisme. Elle aura permis à la société de juger les personnes vivant avec le VIH comme étant des individus irresponsables et malveillants, ce qui n’est pas le cas.

Jacques, Victoriaville

Il fut d’abord un temps où savoir ou ne pas savoir avait bien peu d’importance, car le seul message que les personnes atteintes du sida se faisaient dire était : nous ne pouvons rien pour vous, vous allez mourir.

Jacques, Victoriaville

En mémoire de Benoît, porte-parole des jeunes séropos

Benoît, Montréal

Le choix de revisiter son histoire

Dan, Montréal

Mes petits-enfants comptent sur moi

Jacques, Victoriaville

À mon avis, il n’y a pas de bons ou de mauvais choix. Il n’y a que les choix qui, après l’obtention d’information adéquate et scientifiquement reconnue, font que je suis à l’aise de vivre avec mes choix et capable d’en accepter les conséquences.

Jacques, Victoriaville

Un chien dans un jeu de quilles

Daniel-Claude, Montréal

J’te le dis… J’te le dis pas… J’entends pus ce que tu me dis. J’vois juste ta bouche, tes lèvres. J’les veux sur ma peau. J’te veux, j’te veux tant… Ta main sur mon sein. J’ai chaud… Tes caresses, ton corps, continue!!! J’te veux, je sais plus… T’arrête pas, j’te veux, j’ai peur. Continue, j’te veux. Arrête, j’me sens sale. Continue, je sais plus… J’te dis… j’te dis pas…

Alexandra

En mémoire de Hans, artiste et survivant

Hans, Estrie

La discrimination anticipée. Ça m’arrive assez souvent. Je suis en route vers ma destination en autobus ou en métro. Je parle avec un ami. Quand j’aborde un point concernant le VIH, mon ton baisse. Pourquoi ?…

Ken, Montréal

La COVID-19 vue par un survivant du VIH

Jacques, Victoriaville

Salut Richard. Il y a plus de 24 ans que tu nous as quittés. Je ne t’ai pas oublié, mais le temps a fait son œuvre. Les choses ont bien changé depuis. Comme tu dois le savoir de là-haut, bien d’autres amis sont morts aussi. Mais comme tu vois, je suis encore là, je survis. J’aurai vécu assez longtemps pour jouir du droit de mourir dans la dignité (comme si vos morts n’avaient pas été dignes!). Je pense souvent à vous, oui à vous tous qui avez disparu.

René

VIH : quand les mots nourrissent la stigmatisation

René

Quand je repense à mes années de cégep, je revois l’hypocondrie de mes amies qui, dans notre petite ville, faisaient tranquillement l’apprentissage de leur sexualité et paniquaient (bien qu’elles n’avaient pris aucun risque) chaque fois que leurs ganglions enflaient, puisqu’on leur avait dit que c’était un des symptômes du VIH.

Bruno, Montréal

Aux équipes de recherche. Ce n’est pas juste à propos de votre carrière, d’un article scientifique, d’une conférence… C’est aussi et surtout à propos de NOUS. Notre santé, nos corps, nos vies!

M.

Pour que chacun·e prenne sa place

Bruno, Montréal

Connais-tu ton statut sérologique? Oui, je réponds, et honnêtement. C’est alors que la crise débute.

Ken, Montréal

Aurait-on oublié le VIH?

Jacques, Victoriaville

Elle est finie la période où je perdais du temps et de l’énergie à savoir si on savait.

Donald, Québec

Le fait de commencer un traitement contre le VIH demeure une décision personnelle dont les impacts doivent être d’abord analysés d’un point de vue personnel, sachant très bien que cette décision aura un impact sur les personnes qui nous entourent.

Jacques, Victoriaville

Aujourd’hui, je vis au Burkina Faso, je tente d’y ouvrir une école à la québécoise dans la façon d’enseigner; je vis avec mon conjoint et son fils; je conduis ma moto dans ce pays qui est le mien, qui a toujours été le mien.

Roger

Je refuse de me faire renvoyer dans le placard

Ken, Montréal
dévoilement discrimination relations

Merci Google!

Laurette, 7 mars 2017

Et dire que je survis à mon infection depuis une trentaine d’années maintenant.

Je ne pense pas tous les jours à ce miracle, bien au contraire, j’ai même oublié ce que c’est que d’être vraiment malade, oublié ce terrible diagnostic : deux ans d’espérance de vie (la trithérapie n’existait pas encore). Au début, je me réjouissais à chaque anniversaire que je célébrais. J’allais de petite victoire en petite joie, vers un espoir un peu fou de peut-être célébrer le prochain Jour de l’An.

Maintenant, je m’étonne d’en avoir réchappée alors que tant d’autres en sont morts. Je me sens redevable, je ne devrais pas gaspiller les jours qui me sont miraculeusement offerts. Je me dis parfois que je devrais vivre plus intensément, moi dont la routine quotidienne de célibataire un peu plate me satisfait pourtant.

Voilà quel est mon état d’esprit à l’été 2016.

Un beau matin alors que je prends un café avec une amie à une terrasse, un homme, que je n’avais même pas remarqué à une table voisine, vient me donner son numéro de téléphone me dit quelques mots flatteurs sur mon apparence : il me trouve belle et ajoute avec un sourire furtif, avant de disparaître aussi vite qu’il est apparu, qu’il « est prêt à passer le reste de sa vie avec moi ».

Je suis vraiment surprise, cela fait si longtemps que je suis seule, que je ne cherche plus. La plupart du temps, depuis que j’ai dépassé la quarantaine puis la cinquantaine, je me sens invisible comme femme.

Je prends quelques jours avant de l’appeler.

Nous nous rencontrons deux fois, les heures passées ensemble s’étirent agréablement. Je ne suis pas encore conquise mais j’avoue être sous le charme. Il y a une attirance certaine de part et d’autre et nous partageons les mêmes idées politiques, les mêmes goûts au cinéma, il a vécu plusieurs années en Europe et a, lui aussi, été marié.

Décider de se dévoiler est, pour moi, un choix angoissant : quand, comment, où.

Notre discussion se poursuit par Internet : plusieurs messages par jour, des photos échangées. Notre prochaine rencontre approche, les échanges de courriels sont doux. Je me mets à rêver à la possibilité d’une relation avec un homme et donc à lui annoncer ma séropositivité. Décider de se dévoiler est, pour moi, un choix angoissant : quand, comment, où.

J’ai déjà vécu plusieurs rejets suite à cette annonce aussi me suis-je protégée pendant des années évitant soigneusement toute possibilité de romance. Mais il fait beau, juin est splendide et je me sens plus libre, plus forte. Après tout la vie peut encore me réserver de belles surprises.

Nous sommes en 2016 les médias font savoir depuis des mois que les personnes sous traitement dont la charge virale est indétectable n’infectent pas leur partenaire. Je ne dois pas laisser passer cette chance. En ouvrant ma messagerie quelques jours avant notre rendez-vous et mon « annonce » les mots tombent sans appel :

« J’ai très mal dormi : hier soir j’ai appris ton état de santé (en cherchant ta photo sur Google…) et ça m’a fait de la peine pour toi. Ça m’a ému ton histoire. Malheureusement je suis trop hypocondriaque pour fréquenter intimement une personne avec le VIH. Mes plans changent donc… et je le regrette. Quand j’ai appris ton état de santé, j’ai malheureusement trouvé ma réponse, à savoir si je souhaitais éventuellement poursuivre dans un but amoureux. C’était un non définitif. »

Mais pourquoi être allé chercher ma photo alors qu’il m’a vu plusieurs fois ? Je sais pertinemment qu’en tapant mon nom on retrouve beaucoup, beaucoup d’informations sur mon implication dans la lutte contre le VIH/sida. Mais jamais je n’aurais soupçonné que cela pouvait avoir un tel impact sur ma vie privée. Quelle naïveté ! Merci Google !

Le dévoilement de ma séropositivité m’appartient.

J’ai éprouvé une profonde tristesse mais aussi une grande colère, je me foutais complètement de « sa peine pour moi ». J’ai eu le sentiment d’avoir été volée, abusée. Le dévoilement de ma séropositivité m’appartient. Il n’y a que moi qui peut choisir si j’en parle et comment. Ce n’est pas la première information que je donne quand je rencontre des inconnus. J’attends de les connaître, de savoir si je peux leur faire confiance, et je décide si cette information est pertinente ou non dans notre relation. Cette fois-ci, rejetée avant même de m’être dévoilée, je me suis sentie dépossédée.

J’ai répondu en mesurant chaque mot, il n’était pas question que je reste victime, je devais agir, réagir. J’ai même tenu à le revoir pour qu’il n’ait pas le dernier mot même si… Nous avons parlé de tout et de rien j’en avais assez dit par courriel. Les vacances sont arrivées, son départ puis le mien. Au retour, je ne l’ai pas recontacté, lui non plus.

Alors malgré les merveilleuses nouvelles de nos « bonnes santés », de la non transmission dans les cas de suppression du virus, la discrimination se porte bien, merci beaucoup.

Quand le gynécologue m’a dit, il y a quelques semaines, que je devrais continuer à prendre des hormones, que je pouvais facilement rencontrer « Mister Right », qu’à mon âge je devais avoir encore des relations sexuelles, j’ai hésité entre lui sauter au cou pour l’étrangler ou lui rire en pleine face. Je n’ai fait ni l’un ni l’autre. Non, je ne vais pas attendre « Mister Right » je vais continuer à vivre heureuse et séropositive, célibataire mais pas seule car très entourée de ma famille et de mes amies et amis qui m’aiment.

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