Il y a autant de façons de vivre avec le VIH que de personnes séropositives. Découvre-les et prends la parole à ton tour si tu le souhaites.
Vivre avec le VIH en 2016, c’est vivre en relevant chaque jour des défis.
C’est accepter de vivre avec une infection chronique qui a laissé une blessure profonde à mon intégrité physique, psychologique et sociale.
C’est apprendre à intégrer dans sa vie, une prise quotidienne de médicaments bien souvent à l’abri de regards indiscrets qui pourraient questionner sur la raison de cette médication.
C’est développer la capacité de se regarder dans le miroir et de se dire à soi-même : « Je vis avec le VIH ».
C’est se questionner sur le dévoilement de ma réalité de vie avec le VIH : à qui le dire, à qui ne pas le dire et comment le dire. Chaque dévoilement est unique et se fait au rythme voulu par la personne. Malheureusement, il y a encore trop de dévoilements non-volontaires qui causent souvent des drames.
C’est accepter et être obligé d’entendre les préjugés qui se disent tous les jours dont un particulièrement : « Il a couru après ». Je réponds toujours à ce préjugé : « Tu sais, personne ne court après son malheur ».
C’est redéfinir ma vie sexuelle, mes rapports intimes avec autrui. Si je le dis, c’est envisager de me faire dire NON, plus souvent qu’avant, plus souvent qu’à mon tour. Si je ne le dis pas, c’est développer ma capacité de vivre avec ma décision.
C’est m’obliger à augmenter mes connaissances, chercher des informations, rencontrer d’autres personnes dans la même situation pour savoir comment c’est possible de bien vivre avec le VIH.
C’est accepter de vivre avec une différence qui fait encore peur, une différence qui souvent est discriminante, c’est accepter de vivre avec un stigmate.
C’est réaliser que certains de mes droits seront diminués, brimés, et parfois tout simplement annulés. J’aurai des problèmes ou des exigences différentes pour contracter une assurance-vie, pour avoir un prêt hypothécaire assurable, etc. Je prendrai conscience que j’aurai à assumer une facture supplémentaire pour payer mensuellement les médicaments que je devrai prendre pour m’assurer une bonne qualité de vie. Facture variable selon les couvertures d’assurance que je possède. Je devrai m’informer, si je veux voyager en dehors du Québec, de certaines restrictions que mettent en place des pays relativement à l’entrée sur leur territoire. Il faut savoir que certains pays refusent encore l’entrée à des personnes vivant avec le VIH.
C’est réaliser que je dois pratiquer une sexualité exemplaire qui ne laisse pas d’espace à la faiblesse, à l’erreur humaine, sous peine d’être poursuivi pour agression sexuelle pour ne pas avoir dévoilé mon statut.
C’est prendre conscience que ma vie ne sera plus jamais la même parce qu’un jour, j’ai entendu ce verdict : « Vous êtes infecté par le VIH ».
C’est accepter de se tenir debout, de marcher la tête haute malgré les affronts, malgré la discrimination, malgré les jugements des autres. J’aimerais citer une parole de Pierre Falardeau : « Si tu te couches, ils vont te piler dessus. Si tu restes debout et que tu résistes, ils vont t’haïr mais ils vont t’appeler Monsieur ».
C’est réaliser que malgré tous ces défis, vivre avec le VIH en 2016 est un processus qui ne prend jamais fin, c’est le processus d’une nouvelle vie, un processus qui oblige à recentrer sa vie sur l’essentiel.
Malgré et avec le VIH, il est toujours possible de s’épanouir, il est toujours possible d’apprendre à s’aimer et être aimé.
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