Pour déconstruire les inégalités et trouver du soutien
Genre
Les femmes vivant avec le VIH ne rencontrent pas les mêmes obstacles que les hommes vivant avec le VIH.
Composer avec les inégalités fondées sur le genre en plus de la sérophobie signifie des expériences uniques, qui doivent être traitées comme telles.
Définition du sexisme et de la misogynie
Le sexisme est encore une réalité sociale aujourd’hui. Comme le racisme, c’est une façon de catégoriser et hiérarchiser l’humanité qui renforce des inégalités et des oppressions. Simplement, au lieu de se baser sur la couleur de la peau, il se base sur le sexe assigné à la naissance de chaque personne, dans une perspective binaire: féminin ou masculin.
Le sexisme attribue à chaque sexe des caractéristiques spécifiques. Dans la majorité des cas, il prend pour acquis que les caractéristiques du sexe masculin sont naturellement supérieures à celles du sexe féminin. Le sexisme peut être accompagné ou dériver vers la misogynie, qui est une haine et un mépris des femmes entraînant davantage de violences graves.
Le sexisme est donc à la source des inégalités vécues par les femmes dans la société, comme:
- être discriminée à l’embauche pour les postes haut-placés (ex. direction générale)
- devoir se cantonner à un poste sous-payé et sans pouvoir décisionnel (ex. secrétaire)
- avoir, à tâche et expérience égales, un salaire plus bas que celui d’un homme
- être plus pauvre, en moyenne, qu’un homme
- porter la charge mentale dans le couple et la famille (ex. tâches ménagères, cuisine, enfants)
- être harcelée au travail et dans la rue
- avoir un risque disproportionné d’être agressée sexuellement dans sa vie
- avoir un risque disproportionné de subir de la violence dans le couple
- avoir un risque disproportionné d’être gravement blessée ou tuée (féminicide) dans le cadre de violence dans le couple
Comme dans le cas du racisme, plus une femme vit d’inégalités, plus sa santé physique sera mise en danger. De manière générale, elle pourra moins se prévenir des infections et maladies et aura moins de chances d’avoir de bons soins.
Ces inégalités se font particulièrement sentir quand il est question de VIH.
Sexisme et VIH
Les femmes étant à risque élevé de vivre de la violence sexuelle dans leur vie, leurs risques d’être infectées par le VIH et d’autres ITSS augmentent proportionnellement.
Le fait que la majorité des personnes pratiquant le travail du sexe soit des femmes est aussi à prendre en considération. Dans un contexte où le travail du sexe est criminalisé presque partout dans le monde, elles sont d’abord très souvent arrêtées et incarcérées – or, être en milieu carcéral augmente les chances d’ITS, particulièrement chez les femmes. Pour ne pas être arrêtées, elles doivent donc travailler en secret, ce qui rend plus difficile de négocier le port du condom (ou d’une autre méthode de prévention) et de choisir ses clients (donc de refuser ceux qui sont à risque d’être violents).
N’oublions pas aussi que la majorité des personnes pouvant vivre une grossesse, accoucher et allaiter sont des femmes. Cette dimension est particulièrement importante dans le cas du VIH, puisque ce dernier peut se transmettre lors de l’une ou plusieurs de ces trois étapes. Un traitement anti-VIH et un protocole de soins efficaces peuvent diminuer grandement les risques de transmission, mais encore faut-il y avoir accès.
Enfin, le sexisme, dans sa vision très binaire de la réalité, échoue entièrement à prendre en considération les différences entre sexe et genre, de même que la diversité de genre qu’on retrouve chez les humain·es. Ainsi, les personnes trans et non binaires sont totalement évacuées du schéma, ou alors carrément diabolisées (transphobie).
Les femmes transgenres en subissent tout particulièrement les conséquences, puisqu’elles se trouvent à l’intersection du sexisme, de l’homophobie et de la transphobie. Cela fait partie des raisons pour lesquelles elles sont également plus à risque d’infection par le VIH.
Trouver du soutien
Le soutien communautaire, la résilience et le leadership sont des piliers essentiels pour faire face aux inégalités et les faire, éventuellement, disparaître.
À Montréal, l’organisme CASM (Centre Action Solidarité Montréal) se spécialise dans le soutien des femmes vivant avec le VIH, particulièrement les femmes racisées, migrantes et en situation de précarité financière. Toujours à Montréal, Médecins du Monde Canada a un programme spécial pour les femmes et les jeunes filles, avec une attention particulière pour la santé sexuelle et reproductive.
Les femmes séropos qui pratiquent le travail du sexe peuvent se tourner avant tout vers Stella, l’amie de Maimie (Montréal). D’autres organismes offrent des programmes et services pour les travailleuses du sexe au Québec. Découvre-les en parcourant notre bottin de ressources.
Les femmes trans séropos peuvent se tourner avant tout vers le programme ASTT(e)Q de CACTUS Montréal. D’autres organismes offrent des programmes et services pour les femmes trans au Québec. Découvre-les en parcourant notre bottin de ressources.
Si tu le souhaites, tu peux aussi développer ta résilience et ton leadership en compagnie d’autres femmes (et hommes) vivant avec le VIH, grâce aux formations de l’Institut de développement du leadership positif (IDLP). Ces formations ont déjà aidé plus de 1200 personnes séropos à prendre confiance en elles-mêmes. Elles se sentent aujourd’hui plus équipées pour faire face aux obstacles de la vie et sont prêtes à agir en tant que leaders dans leurs communautés respectives.