Pour connaître les termes à éviter et à privilégier

Utiliser les bons mots

Termes à privilégier

On n'attend pas de toi que tu utilises toujours les bons mots, sans faux pas. Nous sommes tous·tes humain·es!

Par contre, si tu souhaites soutenir quelqu'un, il est toujours bon de connaître la terminologie appropriée pour parler du VIH et des populations concernées par ce dernier. Voici une liste non-exhaustive de ces mots et expressions.

Note: certains termes sont surtout utilisés dans le milieu du VIH ou en santé publique, mais beaucoup sont importants à connaître pour les conversations de tous les jours.

Charge virale indétectable

On utilise cette expression quand le taux de VIH dans le sang (la charge virale) est tellement bas qu’il ne peut pas être détecté avec la technologie disponible. On obtient ce résultat grâce aux médicaments anti-VIH (thérapie antirétrovirale).

En effet, le but du traitement anti-VIH est de faire diminuer la charge virale. Quand la charge virale est élevée, le nombre de CD4 (cellules importantes du système immunitaire) est généralement bas, rendant la personne plus vulnérable aux maladies opportunistes. À l'inverse, lorsque la charge virale est indétectable, le système immunitaire est généralement fort, et en plus, le virus devient intransmissible par voie sexuelle.

Ce fait, connu sous l'expression indétectable = intransmissible, ou i=i, a été prouvé par plusieurs grandes études. Celles-ci ont étudié plus de 118 000 relations sexuelles sans condom dans des couples hétérosexuels et homosexuels sérodifférents (avec une personne séropositive et une personne séronégative). Résultat? Il n'y avait aucune transmission du VIH lorsque la charge virale était indétectable.

Couple sérodifférent

Terme utilisé pour décrire un couple dans lequel l’un·e des partenaires est séropositif·ve au VIH, et l’autre non. Le mot « sérodifférent » est préféré à « sérodiscordant », à connotation plus négative.

Exposition au VIH versus Transmission du VIH

Les termes « exposition » et « transmission » ne veulent pas dire la même chose. Lors d’un contact sexuel avec une personne séropositive, l’autre partenaire peut être, ou ne pas être, exposé·e au VIH (selon le type d’acte, la charge virale, etc.). On peut aussi être exposé·e au virus sans qu’il y ait de transmission. En effet, la transmission ne survient que quand le VIH, transporté dans le sperme (et liquide pré-éjaculatoire), le sang, les fluides anaux, les fluides vaginaux ou le lait parental, parvient à entrer en contact avec le système sanguin d’une personne séronégative, à travers une muqueuse ou une lésion cutanée.

Fluides corporels pouvant être responsables de la transmission du VIH

Ces fluides sont le sang, le sperme (et liquide pré-éjaculatoire), les sécrétions ou fluides vaginaux, les sécrétions ou fluides anaux et le lait parental. Il n’est pas mauvais de récapituler cette liste de temps en temps, plutôt que d’utiliser le terme très général « fluides corporels », car celui-ci est souvent mal compris (certain·es croient encore que le VIH peut se transmettre par la salive, les larmes ou la sueur).

Hommes (cis et trans) gais, bisexuels et hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes

Dans le milieu du VIH et dans des contextes de prévention, on utilise cette expression plutôt que seulement « hommes gais » ou « hommes gais et bisexuels », puisque certains hommes ayant du sexe avec d’autres hommes ne s’identifient pas comme gais ou bisexuels. Or, il est important de rejoindre ces hommes aussi dans les efforts de prévention. Il est également important d’inclure les hommes transgenres (qui ne s'identifient pas au genre qui leur a été assigné à la naissance) dans la discussion, pas uniquement les hommes cisgenres (qui s'identifient au genre qui leur a été assigné à la naissance).

Incidence versus Prévalence

Ces mots ne sont pas interchangeables. L’incidence, c’est le nombre de nouvelles infections au VIH au cours d’une période donnée. La prévalence indique le nombre de personnes vivant avec le VIH à un moment précis (à la fin d’une année civile, par exemple). Également, il ne faut pas utiliser les termes « taux d’incidence » ou « taux de prévalence »: c’est redondant. L’incidence et la prévalence sont déjà des taux.

ITSS

On préfère aujourd’hui ITSS (infection transmissible sexuellement et par le sang) à l’appellation MTS (maladie transmissible sexuellement). Les ITSS incluent le VIH, la syphilis, la gonorrhée, la chlamydia, le VPH (virus du papillome humain) et plusieurs autres. Également, il faut éviter le terme vieillot « maladie vénérienne ».

PEP pour Prophylaxie postexposition

Ce traitement consiste en l’administration de médicaments antirétroviraux après qu’une personne ait été exposée au VIH, afin de prévenir l’infection. Il doit être entrepris dans les 72 heures qui suivent une exposition au VIH. Les médicaments sont pris sur une période de 28 jours. La PEP a été démontrée comme hautement efficace lorsque débutée à temps.

Personne Autochtone / Personne [nom de la communauté] de [localisation]

« Personne Autochtone » est à privilégier pour parler des réalités de ces populations clés, plutôt que « Autochtone » (réducteur) ou des termes encore plus dépassés et erronés comme « Indien·ne » ou « Amérindien·ne ».

Il faut toutefois éviter le plus possible de parler de personnes Autochtones comme d’un terme parapluie, surtout quand on parle de ou à des communautés précises. Celles-ci ont des réalités, des cultures et des langues uniques, et vivent dans de nombreux endroits du Québec et du Canada. Inclure ces précisions est important pour décoloniser notre façon de parler.

Personne en situation d’itinérance ou de désaffiliation

Privilégie ces terminologies lorsqu’il est question des réalités de cette population, par rapport à des termes plus péjoratifs comme « les itinérant·es », qui réduisent les personnes à leur situation et sont souvent liés à un jugement moral.

Personnes incarcérées

Préfère ce terme pour parler des personnes qui sont dans le système carcéral, à la place de « prisonnier·ères » et, surtout, de « criminel·les », termes réducteurs et péjoratifs.

Personnes afro-caribéennes et Noires

Si tu parles de VIH et de prévention, c'est une expression de santé publique à privilégier, car elle désigne une population clé. Utilise-la à la place de termes réducteurs comme « les Noir·es », ou « les Africain·es ». Tu peux aussi dire  « personnes issues de pays où le VIH est endémique », mais attention: ça n'inclut pas seulement les personnes afro-caribéennes et Noires.

S'il n'est pas vraiment question de prévention du VIH dans la discussion, demande-toi pourquoi tu souhaites préciser que la ou les personnes dont tu parles sont des personnes Noires. Est-ce pertinent à la conversation (ex. raconter que ton amie Noire a vécu du racisme), ou est-ce que ça n'apporte rien à la discussion à part reproduire des clichés?

Personne utilisatrice de drogues

On préfère l’utilisation du terme « personne utilisatrice de drogues », plus neutre que des mots comme « toxicomane », qui sont souvent empreints de jugement.

Personne trans / Personne transgenre

On privilégie aujourd’hui « personne transgenre » ou « personne trans » à « personne transsexuelle ». Il ne faut pas non plus confondre la transidentité avec la pratique d’arts comme le drag et le travestissement. Même s’il y a des intersections et que tous ces termes renvoient à une forme ou l’autre de non-conformité dans le genre, chaque réalité est unique.

Notons aussi que certaines personnes trans s’identifient encore à des termes que d’autres considéreraient comme dépassés, ou se réapproprient des termes péjoratifs. Cela appartient à ces personnes et leurs communautés seules: les allié·es cisgenres doivent privilégier « personnes trans ».

Personne vivant avec le VIH

Si les personnes séropositives sont plusieurs à dire fièrement « Je suis séropo », on recommande aux personnes séronégatives d'utiliser « personne vivant avec le VIH ». Il s’agit d’appliquer le principe people first (les personnes en premier), qui évite de réduire un ou une individu à sa condition de santé ou à une pratique donnée. Bien sûr, il faut aussi évacuer complètement des termes vieillots comme « sidatique » ou « sidéen·ne ».

PrEP pour Prophylaxie préexposition

Ce traitement consiste en la prise d’un médicament protégeant contre le VIH. Le recours à la PrEP est suggéré pour les personnes séronégatives qui sont exposées à un risque de transmission plus élevé que la moyenne. Parmi ces populations, comptons: les hommes (cis et trans) gais et bisexuels et tous les hommes ayant du sexe avec des hommes qui ont des activités sexuelles sans condom ou avec plusieurs partenaires; les personnes au sein de relations ouvertes ou polyamoureuses et dont l’un·e des partenaires vit avec le VIH; ou encore les personnes pratiquant le travail du sexe.

Prévention du VIH

On parle de prévention du VIH, et non pas de prévention du sida. La prévention cherche à limiter la transmission du virus, tandis que le sida (syndrome de l’immunodéficience acquise) est la résultante de l’infection.

Sécurisexe / Sexe plus sécuritaire

On parle de sécurisexe pour aborder certaines pratiques permettant de réduire le risque de transmission des ITSS (ex. port du condom, de gants, de digue dentaire). L’expression « sexe sécuritaire » est quant à elle à éviter, puisqu’il n’existe aucun contact sexuel qui soit 100 % sans risque.

Sida

Le terme « sida » est un acronyme qui veut dire « syndrome d’immunodéficience acquise ». À ce stade de l’infection, le système immunitaire de la personne est tellement faible qu’elle devient vulnérable à toutes sortes d’infections, nommées infections opportunistes. Aujourd’hui, le terme « sida » est considéré comme un mot. Il s’écrit alors toujours en minuscules.

Statut sérologique au VIH et séropositivité

Le terme « statut sérologique » n’est pas interchangeable avec « séropositivité ». Tout le monde a un statut sérologique, et celui-ci peut être positif ou négatif, selon le fait qu’on vive ou non avec le VIH. Un statut sérologique négatif ou positif peut également être associé aux hépatites (ex. personne séropositive au VHC).

La séropositivité réfère au caractère positif de l’infection. Ce caractère s’applique à de nombreuses infections, dont le VIH et les hépatites. Il se peut donc que, dans certaines circonstances, il soit plus clair de préciser l’infection en question. Par exemple: « La séropositivité au VIH de mon ami lui a amené beaucoup de stigmatisation ».

Toutefois, « séropositivité » et « séropo » sont fortement associés au VIH dans l'imaginaire collectif, ce pourquoi les personnes vivant avec le VIH utilisent souvent « séropo » elles-mêmes.

Test de dépistage (du VIH)

Il s’agit d’un test permettant de mesurer la charge d’anticorps au VIH dans l’organisme. On ne parle donc pas de « test de dépistage du sida »: ce test n’existe pas. Le sida est une phase de l’infection par le VIH définie par des critères médicaux précis.

Traitement antirétroviral / Médicaments antirétroviraux

Le traitement antirétroviral (ou TAR) implique la prise d’un ou de plusieurs médicaments empêchant le VIH de se répliquer (de se reproduire) dans le corps. L’expression « cocktail de médicaments » a été utilisée par le passé mais n'est plus très courante. On n’utilise plus beaucoup non plus « thérapie combinée ». Si on veut parler d’un traitement anti-VIH spécifique, il est préférable de lister les médicaments qui en font partie.

Il est aussi possible de parler de bithérapie (deux différents médicaments ou une pilule incluant deux différents médicaments), de trithérapie (trois médicaments souvent intégrés dans une même pilule) ou quadrithérapie (quatre différents médicaments) selon le nombre de molécules impliquées dans le traitement.

Traitement comme outil de prévention (Treatment as Prevention, TasP)

Le TasP est une façon de dire qu’un traitement antirétroviral a rendu la charge virale d’une personne tellement basse que cette dernière ne transmet plus le VIH à ses partenaires sexuel·les. Plus la charge virale est basse, plus le risque de transmission est réduit. C'est indétectable = intransmissible, ou i=i.

Depuis leur accessibilité, la PrEP et la PPE sont aussi reconnues à titre de traitements comme outils de prévention, pour les personnes séronégatives.

L’expression étant plus proche de l’anglicisme, on recommande d’utiliser « traitement comme outil de prévention » ou « traitement comme stratégie de prévention ».

Transmission du VIH

Le VIH peut se transmettre, mais pas le sida. On n’utilise donc pas les expressions « transmettre le sida » ou « infecter quelqu’un du sida ».
Dans la mesure du possible, il faut d’ailleurs éviter de lier la transmission à l’individu (ex. « X a transmis le VIH à Y dans un sauna »). Opte pour des formules telles que « La transmission du VIH a eu lieu dans un sauna ».

Travailleuse·eur du sexe / Personne pratiquant le travail du sexe

Ces deux termes sont à privilégier en opposition à « prostitué·e », par exemple. Du fait de la criminalisation et des valeurs sociales moralisantes, les travailleuse·eurs du sexe sont très stigmatisé·es. La plupart des discours les entourant reflètent cela en étant péjoratifs ou condescendants. Reconnaître que leur travail en est un et utiliser les terminologies qu'elles et ils privilégient est un premier pas important si tu veux les soutenir.

VIH

L’acronyme VIH signifie « virus d’immunodéficience humaine ». Il s’agit du virus qui, s'il n'est pas traité, peut causer le sida. Il s’attaque au système immunitaire en détruisant les cellules CD4 qui dirigent la lutte contre les infections. Lorsque l’immunité de la personne est affaiblie, le corps devient plus susceptible aux infections.