Pour connaître les termes à éviter et à privilégier

Utiliser les bons mots

Termes à éviter

On n'attend évidemment pas de toute la population qu'elle ait, du jour au lendemain, le vocabulaire d'un·e militant·e.

Par contre, si tu souhaites soutenir quelqu'un, il est toujours bon de comprendre en quoi certains termes peuvent stigmatiser quand ils ne sont pas utilisés par les gens qu'ils concernent. Voici une liste non-exhaustive de ces mots et expressions.

Barebacking

Ce terme peut être utilisé assez régulièrement par les personnes, communautés ou militant·es directement concerné·es (ex. par les hommes gais, entre eux). Si tu ne fais pas partie de ces communautés, il est mieux de t'abstenir. Pourquoi? Parce qu'on lui a associé une connotation plutôt négative, qui renvoie à un comportement souvent perçu comme problématique. Préfère les termes « relations sexuelles sans condom » ou « relations sexuelles non protégées par un condom ».

Criminel·les / Prisonnier·ères

Le premier terme est hautement péjoratif et comporte un jugement moral. Le second est dépassé et aussi réducteur, puisqu’il réduit les personnes à leur situation actuelle — qui, de plus, est une situation de grande détresse, où la liberté leur est retirée. Préfère le terme « personnes incarcérées ».

Groupe à risque ou population à risque

Ce terme peut sous-entendre que le risque d’infection au VIH se limite à un groupe ou à une population en particulier, entraînant la stigmatisation de ce groupe et laissant croire que la population générale n’est pas exposée au même risque. Il est préférable de dire « groupe dans lequel le risque d’infection est plus élevé », « population qui fait face à un risque plus élevé d’infection » ou encore « population clé dans la prévention du VIH ».

Groupe vulnérable, personne vulnérable ou population vulnérable

La vulnérabilité peut avoir une connotation négative qui renvoie à un rapport d’infériorité ou de victimisation. Privilégie plutôt « une population dont le risque d’infection est plus grand… » ou « population clé dans la prévention du VIH ».

Les Autochtones / Les Amérindien·nes / Les Indien·nes

Le premier terme est réducteur et les deux autres sont à la fois réducteurs, erronés et dépassés. Privilégie «  personne, population ou peuple Autochtone », en précisant le nom de la Nation et des terres.

Les gais / Les homosexuels / Les HARSAH

Réduire une personne ou un groupe de personnes à une portion de son identité peut être perçu comme déshumanisant et, dans certains cas, péjoratif. L'approche people first (les personnes en premier) recommande de dire, par exemple, « les hommes gais ». On recommande aussi d’éviter l’utilisation d'acronymes (ex. « HARSAH ») et d'utiliser les expressions au long (« hommes gais, bisexuels et hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes »). En effet, toute personne mérite plus que d’être identifiée par un acronyme. « HARSAH » est utilisé dans des publications de santé publique ou de projets de recherche, mais il vaut mieux l'éviter dans la vie de tous les jours.

Les itinérant·es / Les sans-abris

Ces termes réduisent les personnes à leur situation, ce qui est déshumanisant. Les mots peuvent parfois être réappropriés par les premier·ères concerné·es et les personnes qui les soutiennent, mais si on n'en fait pas partie, mieux vaut privilégier d’autres termes, ou au minimum adopter l'approche people first (les personnes en premier), en disant par exemple « une personne itinérante ».

Les Noir·es / Les Africain·es

Ces termes sont réducteurs, le premier parce qu’il réduit les personnes à la couleur de leur peau, et le second parce qu’il ignore la diversité de très nombreux·euses pays, régions et communautés, en les réduisant au continent africain. Si ces termes peuvent être réappropriés et réclamés par les premier·ères concerné·es, il est recommandé pour les personnes non-concernées de les éviter.

À la place, dans le milieu du VIH, on utilise par exemple l'approche people first (les personnes en premier) et des terminologies précises: « personnes issues des communautés ethnoculturelles » ou « personnes et communautés afro-caribéennes et Noires ». On peut aussi parler de « personnes racisées » si on parle des problématiques de racisme, de « personnes Noires » si on parle des réalités propres aux personnes Noires, ou de « personnes [nom du pays/de la région/de la communauté] » si on parle d’une réalité très spécifique.

Les PVVIH

Tout comme l’acronyme « HARSAH », l’utilisation de « PVVIH » dans les conversations quotidiennes est à éviter le plus possible. Les personnes vivant avec le VIH sont avant tout des personnes et non pas des acronymes.

Les trans / Les transsexuel·les

Ce genre d’appellation réduit les personnes à une portion de leur identité. Il vaut mieux utiliser l'approche people first (les personnes en premier), pour commencer. Attention toutefois: « personne transsexuelle » est généralement considéré comme dépassé. En général, de nos jours, on utilise « personne transgenre ».

Maladie mortelle

Le VIH et le sida ne sont pas des maladies: le VIH est un virus et le sida est reconnu comme un syndrome, pas une maladie. De plus, on ne parle plus d’infection mortelle aujourd’hui, car grâce aux avancées scientifiques, le VIH et le sida ne sont plus fatals.

Il serait plus juste de dire que le VIH et le sida peuvent entraîner la mort lorsqu’ils ne sont pas traités. Rappelons au passage que, dans la phase sida, ce sont les infections opportunistes qui entraînent la mort. Il faut aussi proscrire les termes « fléau » ou « peste » pour parler de l’épidémie du VIH/sida.

Mort ou décédé du sida

Cette expression est inexacte. Le sida est un syndrome, c’est-à-dire qu’il est la résultante de l’affaiblissement du système immunitaire d’une personne; affaiblissement qui ouvre la porte aux infections opportunistes et aux cancers. Il vaut mieux dire qu’une personne est décédée d’une maladie liée au sida, ou de complications dues au sida.

Partage d’aiguilles (ou de seringues)

Généralement, les aiguilles ou les seringues ne sont pas « partagées » entre personnes utilisatrices de drogues. Il arrive plutôt qu’une personne utilise une seringue déjà utilisée. Il vaut aussi mieux éviter l'expression « seringues souillées » qui renvoie à quelque chose de malpropre. Utilise plutôt « usage de seringues ou d’aiguilles déjà utilisées ».

Prostitué·e / Fille (working girl)

Ces termes peuvent être utilisés par les première·ers concerné·es et les militant·es, dans un contexte de réappropriation de termes autrement péjoratifs. Si tu ne fais pas partie des concerné·es, il vaut mieux les éviter et parler de « travailleuse·eurs du sexe ». Voir le guide de Stella, l’amie de Maimie pour plus de détails.

Relation non protégée / Sexe sans protection

Opte plutôt pour les expressions « sexe sans l’usage du condom », « sexe sans condom », « rapport sexuel sans condom », etc. En effet, on peut se protéger du VIH avec d'autres méthodes que le condom (ex. PrEP, charge virale indétectable).

Sérodiscordance

Ce terme est utilisé principalement pour désigner les couples composés d'une personne séropositive et d'une personne séronégative. Toutefois, dans ce terme, il y a le mot « discorde », qui réfère à un « désaccord, dissentiment violent qui oppose des personnes entre elles et les dresse les unes contre les autres » (Larousse), ce qui est très négatif. Utilise plutôt « sérodifférence », car la différence est un fait neutre de la vie et n'a pas de connotation aussi négative.

Sexualité débridée / Vertu légère

Il y a dans ces mots un jugement moral hautement péjoratif et souvent misogyne (mais pas seulement). Il vaut mieux utiliser des termes neutres et factuels, comme « les personnes ayant plusieurs partenaires sexuel·les » ou « les personnes ayant de nombreuses relations sexuelles [dans un temps donné] ».

SIDA (à l'écrit) ou virus du sida

SIDA ne s'écrit plus tout en majuscules (sauf s'il fait partie d'un nom d'organisme déposé, comme la COCQ-SIDA), car l'acronyme a été reconnu comme un nom commun. Il faut donc écrire « sida », ou « Sida » si le mot est en début de phrase.

Quant à « virus du sida », c'est une expression erronée: le sida est un syndrome, pas un virus. Par contre, on peut nommer que le sida est la phase la plus avancée d’une infection par un virus: le VIH.

Sidatique / Sidéen

Ces mots vieillots réfèrent à une autre époque, où on ne comprenait pas encore ce qu’était cette nouvelle infection qui tuait. Faute de traitement antirétroviral efficace, les personnes infectées par le VIH atteignaient inévitablement le stade sida.

Aujourd’hui, dans la perspective du langage people first (les personnes en premier), on préfère utiliser « personne atteinte du sida » pour parler d’une personne séropositive ayant reçu un diagnostic de sida. Mais vu que le diagnostic du syndrome n’est pratiquement plus utilisé, il vaut mieux toujours parler de « personne vivant avec le VIH ».

Toxicomane / Drogué·e / Junkie

Ce sont des termes déshumanisants et, pour certains, insultants. Ils ne s'inscrivent pas non plus dans l'approche people first (les personnes en premier). Il vaut mieux utiliser « personne utilisatrice de drogues ».

Virus du VIH

L’expression « virus du VIH » est un pléonasme vu que la première lettre de cet acronyme signifie « virus ». On parle donc simplement de VIH.